Gain de productivité, fidélisation des salariés, autonomie accrue, souplesse dans l’organisation des tâches… Le travail hybride, qui combine travail au bureau et à distance, présente de nombreux avantages pour les entreprises. Depuis le déconfinement, de plus en plus d’organisations décident d’ailleurs de mettre en place ce nouveau mode de travail. Cependant, le travail hybride comporte aussi plusieurs risques, qui peuvent avoir de graves conséquences sur la santé physique et mentale des collaborateurs… et qu’il ne faut donc pas négliger ! Retour sur le côté obscur du travail hybride.
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1) Les risques physiques
Selon une étude Malakoff Humanis, 27 % des salariés français estiment que le passage soudain en télétravail (lié au confinement de mars 2020) a eu un impact négatif sur leur santé physique :
- 45 % d’entre eux affirment que leur posture de travail s’est dégradée
- 25 % constatent une dégradation de leurs pratiques alimentaires
- 33 % évoquent un sommeil dégradé
Un rapport Eurofound établissait déjà quelques années plus tôt que 42 % des salariés travaillant à distance présentent des problèmes de sommeil, contre seulement 29 % pour les salariés travaillant dans un bureau.
Le télétravail peut également augmenter la sédentarité. Pour le Dr Guy Mouyen, Médecin du travail chez Orange, il s’agirait même du “principal risque”. En effet, les salariés hybrides passent une grande partie de leur temps chez eux. Résultat : s’ils ne font pas l’effort de sortir régulièrement et de faire du sport, ils bougent en moyenne moins que les collaborateurs qui vont au bureau tous les jours. Avec un accroissement du risque de prise de poids, voire d’obésité.
Par ailleurs, le travailleur hybride fait souvent moins de pauses (et souvent moins longues) que ses collègues restés sur site. Il travaille ainsi plus longtemps, ce qui peut entraîner une fatigue visuelle. Au bout du compte, les employés en télétravail travailleraient 1,4 jour de plus par mois que ceux travaillant en présentiel.
« Le problème en télétravail, c’est que les salariés ne se déconnectent pas assez du virtuel. Certains ne respectent pas forcément les pauses, et lorsqu’ils font une pause, ils vont souvent regarder leur téléphone portable ou leur tablette », explique le Dr Mihaela Izvoranu, Médecin du travail au Ciamt (Centre Inter-entreprises et Artisanal de santé au travail).
2) Les risques psychologiques
L’isolement social est l’un des plus grands risques auxquels sont confrontés le salariés qui pratiquent le travail hybride. En effet, selon une rapport Buffer de 2019, 19 % des employés travaillant à distance rapportent qu’il s’agit de leur problème numéro un.
Cet isolement n’est d’ailleurs pas toujours lié au manque d’interactions avec les collègues, mais plutôt au sentiment d’exclusion que peuvent ressentir les collaborateurs. Selon une étude Igloo de 2020, presque 60 % des télétravailleurs disent ne pas disposer de certaines informations car elles ont été communiquées en personne. De plus, 55 % rapportent être exclus des réunions car ils ne sont pas physiquement présents.
Si l’entreprise ne fait pas cet effort d’inclusion, l’adoption d’un mode de travail hybride peut donc avoir un impact négatif sur la cohésion et la motivation des collaborateurs.
Le présentéisme
D’après un sondage de l’Anact, 48 % des salariés ont eu l’impression de travailler plus que d’habitude pendant le confinement. Un phénomène de présentéisme confirmé par cette enquête de l’Obergo, selon laquelle 57 % des salariés travailleraient davantage lorsqu’ils sont en télétravail.
Des horaires à rallonge s’expliquant notamment par la diminution de leur temps de transport, qui tend à se transformer en temps de travail, mais aussi par une multiplication des réunions à distance.
Le surmenage
Les employés très mobiles ont également des niveaux de stress beaucoup plus élevés que la moyenne, rapporte le rapport Eurofound. Ainsi, 41 % d’entre eux se déclarent “très stressés”, contre seulement 25 % pour ceux qui ne travaillent pas à distance. En outre, 42 % des télétravailleurs (à domicile ou en mobilité) déclarent se réveiller plusieurs fois par nuit (contre 29 % pour ceux qui ne font pas de télétravail).
Le confinement a même intensifié ce phénomène. Selon le baromètre Empreinte Humaine Opinion Way de 2020, 47 % des salariés français en télétravail étaient en détresse psychologique pendant le premier confinement lié au Covid-19.
Un constat confirmé par Brigitte Vaudolon, psychologue et coach en bien-être au travail, pour qui la crise sanitaire a augmenté l’anxiété des collaborateurs. « Pendant le confinement, tous les psychologues que j’encadrais ont constaté une hausse des appels sur les lignes d’écoute. Beaucoup de personnes disaient être stressées, avoir du mal à dormir et à se déconnecter de leur travail. »
Lire aussi : [Parole d’expert] Brigitte Vaudolon : les risques psychosociaux liés au télétravail
À terme, cet épuisement émotionnel peut entraîner un surmenage, voire un vrai burn out chez le collaborateur. Pour réduire ces risques liés au travail hybride, il est donc essentiel de mettre en place des initiatives visant à favoriser le bien-être des collaborateurs.
Un brouillage des frontières entre vie privée et vie professionnelle
Les outils de communication et de collaboration sont de plus en plus utilisés pour faciliter le travail d’équipe à distance. Cependant, certains collaborateurs peuvent parfois en faire un usage trop important, et qui n’est pas toujours adapté. En effet, 51 % des télétravailleurs disent être submergés de messages non liés au travail envoyés sur des applications comme Slack ou Teams.¹ Pour éviter cette hyperconnexion, l’entreprise doit donc définir des règles d’utilisation de ces outils, afin qu’ils n’empiètent pas sur la vie personnelle des salariés.
3) Un environnement et des outils de travail inadéquats
Tous les salariés ne sont pas égaux face au travail hybride. Alors que certains travaillent au calme, dans une grande maison, d’autres doivent travailler dans un espace étroit et parfois bruyant. Ainsi, pendant le confinement de mars à mai 2020, plus d’un salarié sur trois aurait travaillé dans un environnement de travail inadapté.²
Lire aussi : [Parole d’expert] Comment la fonction RH s’est-elle adaptée au confinement ?
« Beaucoup de salariés en télétravail n’ont pas le bon matériel et les bonnes conditions pour travailler. Certains travaillent sur un canapé ou un fauteuil non adapté, même parfois sans aucune table. Du coup, ils se positionnent mal devant l’écran, ce qui augmente les risques de troubles musculo-squelettiques, notamment les tendinites et les douleurs au niveau des cervicales et des lombaires », souligne le Dr Mihaela Izvoranu.
Outre l’environnement de travail, les outils mis à disposition ne sont souvent pas adéquats. Utilisé par de nombreuses entreprises, l’intranet est par exemple utilisé par de moins en moins de salariés. Selon l’étude Igloo, ce manque d’intérêt pour l’intranet est dû à plusieurs facteurs :
- 47 % des employés rapportent que la plupart de leurs collègues ne l’utilisent pas
- 39 % disent rencontrer des bugs de manière fréquente
- 38 % estiment que l’intranet est difficile à utiliser
- 34 % pensent que leur intranet est obsolète
Ainsi, presque 80 % des employés souhaiteraient réorganiser complètement leur intranet pour inclure des solutions qui répondent mieux à leurs besoins métier. Un chiffre qui explique certainement pourquoi 62 % des collaborateurs utilisent toujours les e-mails pour communiquer et partager des documents.
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Pour conclure
Tout n’est pas rose pour les travailleurs “hybrides”. Bien qu’ils bénéficient d’une plus grande flexibilité que certains de leurs collègues, ils sont davantage exposés à des risques de santé physiques et psychologiques, et n’ont pas toujours les bons outils pour travailler à distance. Heureusement, il existe plusieurs moyens de prévenir les différents risques liés au travail hybride.
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¹ Etude Igloo “State Of the Digital Workplace” 2020
² Sondage Anact “Télétravail contraint en période de confinement” de mai 2020