Que nous réserve le futur du travail dans les dix prochaines années ? C’est ce qu’a analysé le cabinet McKinsey dans un rapport de juin 2020, qui étudie l’impact de la crise Covid-19 et des nouvelles technologies sur la mutation des modes de travail. Dans ce rapport, il démontre que l’automatisation et l’intelligence artificielle vont profondément bouleverser la répartition des emplois et les besoins en compétences. Pour preuve : 22 % des emplois en Europe (soit 53 millions) pourraient être automatisés d’ici 2030.
Grâce à cette analyse, le cabinet de conseil en stratégie a identifié les tendances du futur du travail de plus de 1000 villes et régions de 27 pays européens. Voici un résumé de ces tendances, ainsi que plusieurs initiatives à mettre en place pour y faire face.
L’impact du Covid et de l’automatisation sur le marché du travail européen
Des emplois à risque
Selon McKinsey, presque 59 millions d’emplois européens sont menacés par la crise de la Covid-19 via des réductions du temps de travail, des diminutions de salaire, des congés temporaires ou des licenciements.
Trois secteurs regroupent la moitié des emplois menacés en Europe :
- le commerce (commerce de gros et détail), qui représente à lui seul 25 % des emplois les plus vulnérables
- la restauration
- le bâtiment
Les emplois les plus affectés par la pandémie sont ceux qui étaient déjà les plus exposés au risque d’automatisation. Ainsi, dans le commerce de détail et de gros, presque 70 % déjà “à risque” du fait de l’automatisation sont aussi menacés par la crise. La Covid-19 pourrait donc accélérer la destruction de certains métiers et l’émergence de nouvelles professions.
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Les travailleurs peu qualifiés et les jeunes seront les plus touchés. De fait, 80 % des emplois qui risquent d’être supprimés ou transformés sont occupés par des personnes qui n’ont pas fait d’études supérieures.
Une évolution de la répartition des emplois
La répartition de l’emploi par secteur d’activité devrait également évoluer. Dans plus de la moitié des professions, au moins 30 % des activités pourraient être automatisées grâce aux technologies actuelles. Par conséquent, les emplois du secteur administratif, de la production et du service client devraient nettement diminuer dans les prochaines années.
Selon le rapport, l’automatisation accélère la transition vers des secteurs à forte densité de connaissance tels que l’éducation, les technologies de l’information et de la communication, la santé et le social. Ainsi, les professions STEM (sciences, technologie, ingénierie et mathématiques), commerciales, juridiques et médicales devraient croître de plus de 20 % dans les dix prochaines années, ce qui permettrait de créer environ 4 millions d’emplois.
Quinze métiers pourraient regrouper presque 30 % de la croissance potentielle de l’emploi, notamment les développeurs de logiciels, les professionnels de santé et du marketing.
De nouveaux besoins en compétences
La majorité des emplois qui seront pourvus d’ici 2030 exigeront un niveau de compétences plus élevé qu’aujourd’hui. Ainsi, 21 millions de travailleurs européens devront changer de profession d’ici 2030, et plus de 90 millions devront acquérir de nouvelles compétences dans le cadre de leur fonction actuelle.
Deux types de compétences seront particulièrement en demande :
- les compétences socio-émotionnelles, comme l’enseignement ou l’empathie
- les compétences technologiques, comme la programmation ou la R&D
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Les salariés occupant des métiers en déclin devront eux aussi développer ces nouvelles compétences pour pouvoir évoluer. Par exemple, certains commerciaux pourront suivre une formation spécifique pour se reconvertir dans des rôles d’infirmiers ou d’aide à la personne, qui devraient croître de 25 % d’ici 2030.
Une pénurie de main d’oeuvre qualifiée
Une fois rétablie de la crise, l’Europe pourrait faire face à une pénurie de travailleurs qualifiés, en particulier dans les grandes villes. En cause : la diminution de la population active, liée en grande partie au vieillissement démographique.
Aujourd’hui, seule 40 % de la population européenne a fait des études supérieures. Mais c’est insuffisant, car 60 % des emplois en croissance nécessitent de tels profils. Dans les dix prochaines années, il sera donc plus difficile pour les entreprises de trouver les compétences dont elles ont besoin, notamment dans le secteur informatique et dans la santé.
Une concentration géographique de l’emploi de plus en plus forte
D’ici 2030, les emplois seront de plus en plus concentrés dans les grandes villes. Ainsi, les 48 plus grandes mégalopoles européennes devraient capter plus de 50 % de la croissance de l’emploi, contre seulement 10 % pour les régions en déclin.
Selon McKinsey, 40 % des Européens vivent dans des régions où le nombre d’emplois devrait diminuer. C’est notamment le cas de l’Europe de l’Est, l’Allemagne de l’Est, l’Italie du Sud et du Portugal.
Cependant, cette tendance pourrait être nuancée par l’augmentation du télétravail, qui pourrait réduire l’attractivité des grandes villes et favoriser un travail géographiquement décentralisé.
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Comment l’Europe peut relever les défis du futur du travail
Pour s’adapter à ces tendances et accompagner le futur du travail, les entreprises et gouvernements européens doivent concentrer leurs efforts sur quatre thématiques majeures :
Adresser la pénurie de compétences
Pour remédier à la pénurie de main d’œuvre qualifiée, les entreprises doivent d’abord investir sur le développement des compétences de leurs salariés. Pour cela, il leur faudra faire évoluer leurs programmes de formation et placer la formation continue au cœur de leur culture d’entreprise.
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L’évaluation des compétences sera une étape importante pour identifier les travailleurs qui doivent se former, voire se reconvertir.
Les employeurs pourront former des partenariats avec les universités afin de concevoir des programmes d’études adaptés au monde du travail.
Ils pourront également s’appuyer sur les plateformes digitales pour améliorer la transparence des offres d’emploi et suggérer des parcours professionnels en adéquation avec les compétences des travailleurs.
Outre la formation et la reconversion, il sera nécessaire d’investir davantage dans le recrutement pour attirer les talents clés, et trouver de nouveaux moyens d’identifier les profils non conventionnels.
Améliorer l’accès à l’emploi
Dans les grandes mégalopoles, moins de 60 % des emplois de 2030 pourront être occupés par les habitants actuels. Pour combler ce manque de travailleurs, plusieurs millions de personnes devront venir s’installer dans les grandes villes, ce qui nécessitera d’investir dans les infrastructures de transports, et de créer davantage de logements abordables dans les zones urbaines.
D’autre alternatives s’offrent aux entreprises pour développer leur vivier de talents :
- se développer dans d’autres régions
- recruter des travailleurs à distance
- se tourner vers le freelancing ou l’outsourcing
Soutenir un marché du travail en déclin
Plusieurs initiatives pourront être mis en oeuvre par les gouvernements européens pour soutenir le marché du travail :
- créer des programmes de financements ciblés comme Horizon 2020
- fournir des incitations économiques pour encourager les entreprises à se délocaliser
- stimuler l’investissement dans l’éducation et les services de santé
- offrir des incitations financières pour attirer les travailleurs étrangers qualifiés
Augmenter le taux d’activité
À long terme, le défi sera d’augmenter le taux d’activité pour faire face à la diminution de la population active. Pour contrer cette tendance, l’Europe devra s’efforcer d’attirer et de retenir les travailleurs qualifiés, mais aussi stimuler la participation des personnes âgées, des femmes et des jeunes.
Deux options peuvent permettre de garder les travailleurs plus longtemps :
- réformer le système de retraite, par exemple en augmentant l’âge de départ à la retraite
- créer des emplois à temps partiel plus flexibles, qui permettent aux salariés de prendre leur retraite par étapes
Pour attirer les femmes, les employeurs peuvent proposer des horaires plus flexibles, du travail à temps partiel, du travail à distance et des services de garde d’enfants.
Enfin, il est important de s’assurer que les diplômés soient formés aux compétences réellement recherchées sur le marché du travail. Des subventions publiques peuvent également être données aux entreprises qui les embauchent pour soutenir l’emploi des jeunes.
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Dans les dix prochaines années, l’automatisation et l’intelligence artificielle devraient créer, transformer et supprimer de nombreux emplois. Pour occuper les professions de demain, la plupart des salariés devront développer leurs compétences, voire se reconvertir complètement.
Un effort que les entreprises devront soutenir en investissant massivement dans la formation, mais aussi dans les outils numériques (comme Talkspirit !). Elles pourront aussi favoriser le travail à distance, le travail hybride ou le freelancing afin d’étendre leur pool de talents.
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