Depuis presque deux ans, le travail hybride est devenu une réalité dans une majorité d’entreprises. Plébiscité par 62 % des travailleurs français, ce nouveau mode de fonctionnement a fait évoluer les attentes des collaborateurs et des consommateurs, et la façon dont les équipes s’organisent au quotidien.
Cette révolution du monde du travail pose de nombreux défis pour les entreprises, qui doivent désormais repenser leurs modes de collaboration et de management, tout en anticipant au maximum les changements à venir.
Quelles sont les principales tendances du futur du travail à suivre en 2022 ? Et comment vont-elles affecter les entreprises ? C’est l’objet du rapport “Prévisions 2022” de Forrester, que nous avons résumé dans cet article.
Un travail hybride à réorganiser
Si le travail hybride est aujourd’hui devenu la norme, ce n’est pas pour autant une réussite pour tout le monde. Manque de communication, multiplication des réunions en visioconférence, problèmes organisationnels… Le télétravail mal organisé peut devenir un vrai cauchemar.
Encore aujourd’hui, beaucoup d’organisations conçoivent une expérience collaborateur inadaptée au travail hybride, et qui peut engendrer des inégalités entre les salariés. Selon une étude britannique, les collaborateurs pratiquant régulièrement le télétravail ont moitié moins de chance d’obtenir une promotion, et ce bien qu’ils soient plus productifs que la moyenne ! Leur travail étant moins visible, il est souvent moins reconnu, et même parfois oublié. Résultat : les télétravailleurs se retrouvent facilement mis à l’écart de l’entreprise.
Certains considèrent que faire revenir les collaborateurs en présentiel serait la solution miracle. Mais c’est sans compter sur les nouvelles attentes des collaborateurs, pour qui le retour au 100 % présentiel est désormais inenvisageable. Ainsi, les entreprises n’offrant pas de possibilités de télétravail devraient voir leur taux de démission augmenter de 2,5 % par mois en 2022.
Les entreprises doivent donc de privilégier le travail hybride, mais en l’organisant intelligemment, et en adaptant les pratiques existantes pour que les télétravailleurs et travailleurs sur site soient sur le même pied d’égalité.
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De nouveaux comportements d’achat
Cette évolution des modes de travail n’est pas l’unique tendance du futur du travail à suivre en 2022. Tout comme les collaborateurs, les consommateurs ont eux aussi changé leurs habitudes. En effet, pas question pour eux de revenir au “monde d’avant”. Flexibilité, digitalisation et transparence sont désormais leurs mots d’ordre.
Forrester estime que plus de la moitié des clients souhaitent que les services mis en place pendant la pandémie deviennent la “nouvelle normale”. On pense par exemple à la suppression des frais liés au changement de billets d’avion, ou encore aux consultations médicales en visioconférence, dont la demande a explosé.
Outre ces nouveaux services digitaux, les clients accordent une attention grandissante aux pratiques commerciales éthiques, transparentes et respectueuses de l’environnement. Selon le rapport, plus de la moitié d’entre eux préfèrent désormais acheter des produits d’entreprises alignées sur leurs valeurs personnelles. Il n’est donc pas trop tard pour mettre en place une démarche RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) !
La montée de l’automatisation
Pour répondre à ces nouvelles attentes, les entreprises doivent faire preuve de toujours plus de rapidité et de proactivité. Un défi qu’elles peuvent relever grâce à l’automatisation, qui devrait monter en puissance dans les prochaines années. En 2022, Forrester estime que les entreprises européennes investiront jusqu’à 3,3 milliards d’euros dans l’automatisation. Avec pour objectifs : gagner du temps, augmenter la productivité des employés, et attirer davantage de clients.
Plusieurs technologies d’automatisation sont aujourd’hui plébiscitées par les entreprises, notamment les plateformes décisionnelles, l’intelligence conversationnelle, l’intelligence artificielle, l’automatisation des processus robotisés, ou encore l’analyse prédictive. Par exemple, certaines entreprises utilisent des chatbots pour automatiser les tâches à faible valeur ajoutée au sein des équipes RH, telles que la gestion des congés, la réservation de salles de réunions, ou encore l’envoi des bulletins de paie.
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La surveillance vue d’un mauvais oeil
Bien sûr, l’automatisation n’est pas la seule solution pour booster l’efficacité des employés. Outil de surveillance des emails, vidéosurveillance, webcams avec suivi du regard… Il existe aujourd’hui de nombreux moyens pour vérifier que les employés restent productifs, qu’ils soient à distance ou sur site.
D’après une étude VMware, 63 % des entreprises françaises prévoient ou ont déjà adopté des outils pour surveiller la productivité de leurs salariés en télétravail. Dans certains cas, les collaborateurs peuvent même être surveillés à leur insu, ce qui, dans la majorité des cas, est illégal.
Outre les problèmes éthiques qu’ils soulèvent, ces outils de suivi dégradent également la qualité de l’expérience collaborateur. Et les salariés en ont bien conscience. Pour preuve : près de la moitié des entreprises françaises ayant mis en place de tels dispositifs enregistrent un taux de turnover nettement plus élevé.¹
Si elles souhaitent garder leurs talents, les entreprises devront trouver le bon équilibre afin d’évaluer efficacement la performance des salariés, sans pour autant les surveiller en permanence. En réponse à ces nouvelles pratiques, les DSI devront renforcer leurs programmes de lutte contre les menaces internes pour limiter les risques de perte et/ou vol de données, notamment via la mise en place d’ateliers de sensibilisation et de procédures de sécurité fiables.
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Vers une souveraineté numérique européenne
Qui dit pratiques éthiques et protection des données, dit également choix de solutions souveraines conformes au RGPD. Un sujet qui devrait rester au cœur du débat en 2022, notamment en raison de l’interdiction de Microsoft 365 dans les administrations françaises.
Plusieurs initiatives visent aujourd’hui à promouvoir cette souveraineté numérique, notamment :
- le projet de cloud européen Gaïa-X,
- les projets de règlements Digital Services Act (DSA) et Digital Markets Act (DMA),
- et plus récemment l’initiative d’un collectif de 8 acteurs français de la digital workplace prônant un “cloud de confiance” pouvant se substituer à Microsoft 365.
Lire aussi : [Entreprendre] Cloud souverain : offensive française contre Microsoft
Si le projet Gaïa-X est aujourd’hui remis en question, il a néanmoins permis de poser un cadre réglementaire, et d’encourager les fournisseurs cloud à faire preuve de davantage de transparence sur la façon dont ils utilisent et protègent les données de leurs clients. Gaïa-X a également mis en avant d’autres initiatives européennes de protection des données, comme l’International Data Spaces Association (IDSA) et Catena-X. Ainsi, Forrester estime que les normes européennes devraient avoir une portée mondiale en 2022.
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En 2022, le futur du travail sera synonyme de travail hybride, d’agilité, de résilience et de souveraineté numérique. Les entreprises qui souhaitent croître dans ce contexte devront donc adapter leurs modes de travail existants, tout en investissant dans des technologies modernes (outils de collaboration, d’automatisation, de sécurité, etc.).
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Auteure : Emmanuelle Abensur