[Parole d’expert] Le télétravail dans l’après-COVID, avec la CPME

L'équipe Talkspirit
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Temps de lecture : 5 minutes

Face à la crise sanitaire, les entreprises ont adapté leur organisation, entraînant un essor exceptionnel du télétravail. Un an après le premier confinement, nous avons fait le point avec la CPME (Confédération des Petites et Moyennes Entreprises) sur ce qui a changé en matière de modes de travail au sein des PME françaises, et décrypté le nouvel accord national interprofessionnel (ANI) sur le télétravail signé en novembre 2020.

Pour rappel : la CPME (Confédération des Petites et Moyennes Entreprises) est l’organisation patronale qui défend les intérêts des TPE et des PME françaises auprès des pouvoirs publics -français et européens- et auprès des partenaires sociaux depuis 1944. Aujourd’hui, elle représente 150.000 entreprises employant 3 millions de salariés à travers son réseau de 117 CPME territoriales et de 200 fédérations professionnelles (et syndicats de métiers).

Les experts rencontrés dans le cadre de cet entretien sont : 

  • Eric Chevée, Vice-Président chargé des Affaires sociales de la CPME
  • Alain Assouline, Président de la Commission Numérique de la CPME et Président du Cinov-Numérique

Ils y expriment le point de vue de la CPME sur la situation et sur la place des “nouveaux” modes de travail dans l’après-COVID, au sein des PME françaises. Un regard contrasté sur le “travail hybride”, qui apporte un complément intéressant à la ligne éditoriale de ce blog, que l’on sait évidemment plutôt enthousiaste sur ce sujet.

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Flashback

En mars 2020, le confinement décidé par le Gouvernement a bouleversé l’organisation du travail en obligeant une grande partie des entreprises françaises à basculer en “tout-télétravail” pour freiner le développement de la pandémie COVID. Quasiment du jour au lendemain, des millions de salarié.e.s  télétravaillent de chez eux, où sont aussi présents leur conjoint et leurs enfants (les écoles sont alors fermées), dans un contexte sanitaire et médiatique particulièrement anxiogène. 

C’est dans cette situation inédite qu’a été expérimenté pour la première fois le télétravail généralisé : une opportunité d’entrevoir (malgré les particularités de la situation) les bénéfices et les inconvénients du télétravail à grande échelle.

Un an après le premier confinement, un bilan en demi-teinte pour le télétravail

Près d’un an après le confinement de mars 2020, Éric Chevée, Vice-Président chargé des Affaires sociales de la CPME, dresse un premier bilan. « Sur le terrain, les constats sont nuancés », explique-t-il. « Nous sommes passés d’une forme d’euphorie sur le télétravail avant l’été 2020, à une relative circonspection à partir de septembre. »

53 % des PME françaises ont en effet découvert le télétravail lors du premier confinement, avec ses avantages : notamment la disparition des temps de transports et la flexibilité dans l’organisation entre vie personnelle et professionnelle.  Dans 39 % des entreprises, les salariés étaient satisfaits et demandaient davantage de télétravail. [Chiffres issus de l’enquête CPME “Chefs d’entreprise et Télétravail” (juillet 2020)]

« Mais à partir de septembre, alors que le télétravail restait la règle lorsque c’était possible, on a commencé à s’apercevoir des dégâts liés au dispositif : isolement, rupture du lien social dans l’entreprise, difficultés à manager… De nombreux salarié.e.s ont demandé à revenir au bureau », ajoute Éric Chevée. 

Lire aussi : [Parole d’expert] Brigitte Vaudolon : les risques psychosociaux liés au télétravail

« C’est à ce moment que nous avons lancé un diagnostic paritaire, impliquant employeurs et collaborateur.rice.s, afin de tirer un premier bilan du télétravail à grande échelle, et poser des bases concrètes à la réflexion sur sa pérennisation. »

Comment les dirigeants de PME envisagent-ils la pérennisation du télétravail ?

Selon la CPME, dans les TPE et PME françaises environ 50 % des métiers sont télétravaillables à ce jour. Elle relève que dans ces entreprises, 29% des salarié.e.s le pratiquaient déjà avant la crise sanitaire, et 53% l’ont découvert lors du confinement.

« On estime qu’environ un tiers de ces néo-télétravailleurs souhaiteront poursuivre le télétravail. Cela correspond aussi à l’état d’esprit des dirigeants de TPE et PME », explique Eric Chevée. 

« Ils envisagent surtout le télétravail comme une réponse aux enjeux environnementaux, avec la réduction des transports, et un moyen d’améliorer la qualité de vie des salarié.e.s. Pour autant, le télétravail ne doit pas forcément s’effectuer depuis le domicile, qui ne constitue pas le lieu normal de l’exécution du contrat de travail. Le développement des tiers-lieux est crucial pour apporter des réponses à cet enjeu. » 

En résumé, au sein de la CPME le mot d’ordre est : “pas d’emballement”. 

La généralisation du télétravail a conduit les partenaires sociaux à négocier fin 2020 un nouvel accord national interprofessionnel visant à organiser le télétravail en agissant sur l’espace, l’équipement, le management, le temps et les collectifs de travail.

Un nouvel accord interprofessionnel (ANI) qui modernise le cadre du télétravail

« Jusqu’aux ordonnances Travail de 2017, l’ANI de 2005 régissait encore l’organisation du télétravail, avec certaines dispositions rendues totalement obsolètes par l’évolution des outils technologiques », explique Alain Assouline, Président de la Commission Numérique de la CPME.

Depuis 2017 (avec la loi El Khomri, suivie des ordonnances Macron), un simple accord entre salarié et employeur suffit à la mise en place du télétravail. Charge à eux de s’organiser ensuite sur les modalités : lieu du télétravail, allocation forfaitaire, nombre de jours, etc. L’extension du recours au télétravail nécessitait alors de préciser certains points. « Avec la volonté d’aboutir à un accord qui ne soit ni normatif ni prescriptif pour l’employeur », rappelle Eric Chevée.

Le nouvel ANI a été signé le 26 novembre 2020 par six organisations syndicales sur sept (CFDT, FO, CFE CGC, CFT côté salariés, Medef, CPME et U2P côté employeurs). « Il crée un nouveau cadre, tout en précisant que celui-ci est issu de réflexions liées à la crise sanitaire. Il réaffirme notamment la notion de double volontariat de l’employeur et du salarié pour la mise en place du télétravail, ainsi que sa réversibilité », précise M. Assouline.

La majorité des accords signés aujourd’hui au sein des entreprises prévoient deux jours de télétravail par semaine. « Au-delà, cela risque de créer des difficultés en termes de cohésion : une entreprise est une aventure collective et doit le rester », rappelle Éric Chevée.

Lire aussi : Résumé du webinaire “Travail hybride : comment maintenir une dynamique relationnelle ?”

Le télétravail, un nouvel outil d’attractivité pour les PME

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Pour l’organisation syndicale, le télétravail apparaît aujourd’hui dans les TPE / PME comme « une modalité d’exécution du contrat de travail regardée avec plus d’attention que par le passé. » 

« Les employeurs en discutent de manière pragmatique avec les salariés qui désirent de la flexibilité, avec la volonté de trouver une organisation bénéfique pour toutes les parties » résume Éric Chevée. « Il constitue aussi pour les TPE et PME un levier d’attractivité pour certains profils ou métiers rares, difficiles à recruter. »

Pas de révolution, donc. Mais ce qui a changé durablement, en revanche, c’est la perception du télétravail par les dirigeants des TPE et PME. « Avec la Covid-19, on s’est aperçus qu’il était possible de travailler autrement, sourit Eric Chevée. Et quand on voit comment la France a réussi à fonctionner avec du télétravail massif, c’est impressionnant ! »

Pour les PME françaises, l’enjeu est désormais de former et d’accompagner les managers dans cette transformation des modes de travail, afin de garantir la cohésion d’entreprise et la performance des équipes dans la durée. Les outils et les lieux qui facilitent le travail à distance seront aussi déterminants dans ce nouvel équilibre entre travail collectif et flexibilité géographique.

Lire aussi : Télétravail : optez pour des outils français !

Place maintenant aux accords intra-entreprise et aux accords de branche pour fixer les modalités du travail de l’après-COVID, au sein de chaque PME. Dans de nombreuses entreprises, les discussions ont d’ores et déjà commencé…

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Auteure : Clémentine Garnier

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