Peut-on complètement se passer des outils des GAFAM en entreprise ?

24 février 2023
Temps de lecture : 7 mn
Emmanuelle Abensur
Emmanuelle Abensur
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Temps de lecture : 7 minutes

C’est une réalité : Amazon, Microsoft et Google captent aujourd’hui 80 % du marché français du cloud¹. Ces géants américains du numérique – aussi appelés GAFAM (Google, Apple, Facebook, Microsoft, Amazon et Microsoft) – exercent un réel pouvoir d’influence sur nos entreprises françaises. Face à cette dépendance croissante, se pose la question : est-il réellement possible de se passer des GAFAM ?

Selon une étude de l’Ifop, près de 7 Français sur 10 ont le sentiment d’être contraints d’utiliser les services de ces grandes entreprises américaines en raison du manque d’alternatives européennes. Un constat que font également de nombreuses entreprises françaises, qui continuent – parfois malgré elles – à utiliser les outils des GAFAM pour continuer à être performantes et booster leur croissance.

Mais alors, comment expliquer la domination des GAFAM dans le secteur du numérique ? Quelles sont les solutions possibles pour limiter cette dépendance ? Et a-t-on vraiment intérêt à bannir complètement les outils américains de nos entreprises ? Voici notre analyse 🔎.

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Pourquoi sommes-nous autant dépendants des GAFAM ?

Notre dépendance aux outils des GAFAM n’est pas nouvelle. Lors des débuts d’internet dans les années 2000, Google s’était déjà imposé comme LE moteur de recherche phare pour trouver de l’information. Tandis que Microsoft continuait à gagner du terrain, pour s’installer durablement dans nos entreprises, nos administrations, nos établissements scolaires, mais aussi sur nos ordinateurs personnels. 

Cette ancienneté sur le marché a certainement contribué au succès des GAFAM. Mais c’est loin d’être le seul facteur qui explique la dépendance de l’Europe aux solutions américaines.

La familiarité 

Pour beaucoup d’entreprises, mettre en place un outil américain constitue une solution de facilité. Pour une raison simple : il s’agit d’outils qui sont déjà familiers des collaborateurs. Dès les bancs de l’école, nous avons pris l’habitude d’utiliser les suites de Microsoft ou Google. pour créer nos documents et présentations, ou bien de partager des publications sur notre mur Facebook. 

Mettre en place des outils des GAFAM est donc bien plus simple pour les entreprises, car les salariés ont déjà appris à utiliser ces outils à l’école, ou lors de leurs expériences passées. Pas besoin alors d’une grande conduite du changement, ce qui en arrange plus d’un !

La performance

C’est difficile à dire, mais c’est vrai : les outils des GAFAM sont souvent perçus comme plus performants que leurs homologues européens. Il y a bien sûr des exceptions à la règle pour certaines solutions, par exemple sur le marché des outils collaboratifs, où il existe désormais de nombreuses alternatives performantes, représentées par le collectif #Fab8 (composé de Talkspirit, Jalios, Jamespot, Netframe, Twake, Whaller et WIMI).

Lire aussi : Cloud souverain : 8 acteurs français s’érigent en alternative à Microsoft 365

Cependant, force est de constater que – sur certains marchés – les alternatives européennes ne sont toujours aussi performantes. Ce qui oblige les entreprises à faire des compromis. Soit, elles choisissent d’utiliser uniquement des solutions souveraines, parfois moins performantes que celles des GAFAM, et dans ce cas leur croissance peut en pâtir. Soit, elles n’adoptent que des outils américains, et peuvent ainsi faire face à des enjeux de sécurité et de souveraineté des données.

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Face à ce dilemme, nous avons choisi, chez Talkspirit, d’adopter une politique hybride pour nos besoins internes (politique qui reste indépendante du produit). Dès qu’il existe une solution européenne aussi performante ou plus performante que celle offerte par les éditeurs américains, notre choix se tourne vers un outil souverain. Mais lorsque les alternatives européennes sont inexistantes ou bien moins performantes, nous préférons choisir des outils américains. 

Tout comme d’autres éditeurs de solution souveraine, nous avons ainsi opté pour l’outil américain de marketing automation Hubspot, qui nous a semblé plus performant que d’autres outils européens. Par ailleurs, nous avons choisi une offre permettant d’héberger nos données dans l’Union Européenne, afin de s’assurer qu’elles soient traitées conformément au RGPD.

Le manque d’alternatives européennes

Si nous sommes aussi dépendants des GAFAM, n’est-ce donc pas parce qu’il n’y a pas assez d’alternatives européennes performantes ? Chez Talkspirit, nous sommes convaincus que pour faire émerger ces alternatives, il faut d’abord investir dedans ! Des initiatives – telles que la stratégie nationale pour le cloud – ont déjà été mises en place par le gouvernement, mais elles ne sont pas encore suffisantes pour permettre aux éditeurs européens d’offrir des solutions pouvant remplacer totalement les GAFAM.

Pour mettre fin à ce cercle vicieux, il est donc essentiel que le gouvernement soutienne davantage nos entreprises françaises. Mais aussi que nos entreprises se soutiennent les unes les autres. Des actions communes – telles que celle des #Fab8 ou de la plateforme Solainn qui propose un référentiel de solutions numériques françaises – peuvent ainsi être envisagées, afin de donner plus de visibilité aux éditeurs français, et leur permettre de croître plus rapidement.

Mapping Solainn de 300 acteurs du numérique français

Lire aussi : [BFM Business] Ces pépites tech françaises qui rivalisent avec les GAFAM

Enfin, il est également important de réguler l’activité des géants américains sur le territoire européen, afin de garantir une concurrence équitable entre acteurs souverains et GAFAM. C’est notamment l’objectif du Digital Markets Act (DMA), qui s’appliquera officiellement à partir du 2 mai 2023. 

Qu’est-ce que le Digital Markets Act (DMA) ? 

Le Digital Markets Act est une législation votée par le Parlement Européen en juillet 2022. Son objectif : “lutter contre les pratiques anticoncurrentielles des géants d’internet et corriger les déséquilibres de leur domination sur le marché numérique européen.” (Source : Vie publique)

Bannir les géants américains en entreprise : est-ce vraiment possible ?

Les trois quarts des Français estiment que l’Europe ne se donne pas suffisamment les moyens pour limiter la domination des GAFAM dans le secteur numérique². Et ils ont bien raison ! Comme nous l’avons vu, plusieurs initiatives pourraient être lancées par le gouvernement et les entreprises pour promouvoir les solutions numériques made in France. Cependant, celles-ci restent encore timides.

Si on regarde du côté du secteur public, la situation est pourtant bien différente. Récemment, le gouvernement a décidé de bannir les outils des GAFAM des collectivités et des établissements scolaires, afin de garantir la sécurité et la souveraineté de nos données.

Lire aussi : [SQOOL TV] : Les GAFAM bannis par l’Éducation nationale

Cette décision fait bien sûr débat, et nous interroge : peut-on avoir la même politique pour les entreprises ? Selon nous, la réponse est…non. Ou du moins non, pas tout de suite.

Même si nous sommes de fervents défenseurs de la souveraineté numérique, nous sommes également réalistes quant à la capacité du marché européen à dépasser les GAFAM. Actuellement, ces derniers détiennent 80 % du marché mondial des logiciels SaaS³. 

Sans les investissements nécessaires, il serait donc compliqué pour les entreprises françaises de se passer complètement des GAFAM. Demandez à n’importe quelle société si elle utilise des outils américains : il y a de fortes chances qu’elle vous réponde “oui”, pour les raisons citées plus haut. Ce sont d’ailleurs les raisons pour lesquelles nous – Talkspirit – continuons à utiliser ces solutions au sein de notre entreprise.

Développer des solutions souveraines performantes pour contrer les GAFAM

Bien que nous utilisions certains outils américains au sein de notre équipe (par exemple, pour nos publicités, nos réseaux sociaux et nos actions marketing), nous restons convaincus qu’il est possible de créer des solutions 100 % souveraines, intégrant nativement des briques technologiques européennes et open source. Il en existe déjà plusieurs sur le marché des outils collaboratifs, que vous pouvez découvrir ici.

À titre d’exemple, notre plateforme Talkspirit se base sur les outils open source suivants

  • le module de visioconférence de Jitsi,
  • la suite bureautique de OnlyOffice,
  • la brique statistiques de Matomo,
  • et bientôt la solution de messagerie d’un acteur européen 👀.

Afin de faciliter l’intégration avec les outils métiers existants dans chaque entreprise, nous proposons également des intégrations tierces avec des solutions américaines telles que Google Drive, Trello ou Pipedrive. Bien sûr, ces intégrations ne permettent pas aux éditeurs américains d’accéder à nos données, et ne peuvent donc porter atteinte à l’intégrité de notre plateforme. Elles sont uniquement là pour faciliter la communication entre les outils.

Pour nous, le constat est clair : si nous souhaitons que nos entreprises françaises se démarquent dans l’environnement concurrentiel actuel, il est important de privilégier la performance. À la fois en proposant des intégrations natives souveraines et performantes, mais aussi en facilitant l’accès à l’ensemble des outils de l’entreprise, qu’ils soient européens ou américains. 

C’est en développant davantage ce type de solutions que nous pourrons limiter l’hégémonie des GAFAM, et – à terme – envisager de les bannir complètement de nos entreprises.

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Pour conclure

À la question “peut-on complètement se passer des outils des GAFAM en entreprise”, nous répondons non… pour le moment ! Au vu du manque d’alternatives européennes performantes sur certains marchés, bannir les outils américains de nos entreprises ne serait pas réaliste. Cependant, il est possible – d’un commun effort – de réduire petit à petit l’utilisation de ces solutions, en investissant plus dans les outils européens et français. Pour leur permettre – un jour, nous l’espérons – de s’ériger en véritables alternatives aux GAFAM.

Sur le marché des outils collaboratifs – et même sur d’autres marchés – nous sommes convaincus qu’il est déjà possible de se passer des GAFAM, car plusieurs éditeurs européens proposent des outils souverains ET efficaces, qui constituent de réelles alternatives aux GAFAM. L’important est maintenant de continuer la démarche sur d’autres marchés, afin de permettre aux entreprises de ne pas faire de compromis entre sécurité et performance.

En attendant, si vous cherchez à mettre en place un outil digital performant ET sécurisé, nous vous invitons à consulter notre check-list rassemblant 10 questions pour évaluer le niveau de sécurité de vos outils : 

Accéder à la Check-List

Dans notre check-list “10 questions pour évaluer la sécurité d’un outil digital”, vous retrouverez : les critères de sécurité à prendre en compte au moment de choisir ou remplacer sa plateforme, un résumé des principales certifications à connaître, ainsi que des bonnes pratiques pour sensibiliser ses collaborateurs en interne.


¹ Étude du cabinet Markess by Exaegis (2022)
² Étude de l’Ifop sur les Français et la souveraineté numérique (2021)
³ Étude du cabinet Synergy Research Group (2019)

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