« Il faut jouer pour devenir sérieux » — Clément Muletier
La gamification en quelques mots
Les principes de gamification (ou ludification en français) étaient déjà utilisés il y a 2000 ans en Lydie. Ils avaient alors pour but de permettre de s’évader de manière réfléchie et active, afin de supporter une situation extrêmement difficile à vivre, la famine. Les Lydiens ont ainsi alterné pendant plus de 20 ans jour de jeux et jour de nourriture, inventant de nombreux jeux comme les dés, les osselets ou encore les jeux de balle, leur permettant d’oublier la faim. Une histoire qui en dit long sur la puissance des jeux ainsi que leur utilité sociale.
On désigne aujourd’hui par gamification le fait de transposer l’aspect ludique du jeu dans des contextes qui, par définition, ne le sont pas, l’objectif étant d’obtenir plus d’engagement et de comportements actifs de la part des personnes sollicitées. L’un des exemples les plus connus sont les fameux bons points distribués dans les salles de classe. Les principes de la gamification touchent également la sphère de la consommation, à l’image des bons de réductions par exemple, ou encore le système de « Miles » proposés à l’origine par la compagnie aérienne American Airlines pour renforcer sa stratégie de fidélisation.
La gamification repose principalement sur le changement de mentalité d’un utilisateur face à une offre, ce qui permet de la transcender en expérience. Notons d’ailleurs que chaque individu a un comportement qui lui est propre face au jeu ; Richard Bartle établit ainsi quatre profils de joueurs différents : les « killers », adeptes de la destruction, les « socializers », friands d’interaction entre joueurs, les « explorers », férus de découvertes, et les « achievers », pour qui rien ne doit être laissé au hasard. On distingue plus de 50 mécaniques liées à la gamification. Le blog gamified.uk en a même créé un jeu de cartes pour mieux vous y retrouver, une véritable gamification de la gamification.
Et la transformation digitale dans tout cela ?
A l’heure de la digitalisation, la gamification est l’un des leviers business les plus efficaces. Dans le domaine du community management notamment, ce principe permet d’attirer des prospects, d’augmenter l’engagement des clients et la fidélisation à long terme au travers de jeux-concours et autres interactions ludiques avec la communauté. En effet, avec les usages nés de l’internet, les consommateurs préfèrent se sentir décisionnaires de leurs actes d’achat. La gamification s’intègre donc parfaitement au marketing du XXIe siècle, notamment avec l’inbound marketing, qui consiste en un ensemble de techniques donnant envie aux consommateurs de solliciter une entreprise, de venir à elle directement.
Au sein même de l’entreprise, la gamification a des vertus bénéfiques pour tous les collaborateurs, dans la mesure où ces derniers sont volontaires et impliqués. Et pour l’entreprise en elle-même, ce procédé permet d’affirmer son positionnement, de développer l’innovation et de gagner en performance. En effet, amener le ludique au travail rassemble les équipes, développe l’intelligence collective et la pensée créative, le tout dans une ambiance de travail conviviale. L’utilisation par exemple de jeux d’escape game permet de consolider le travail d’équipe tout en faisant ressortir les points forts de chacun. La méthode Lego Serious Play propose d’utiliser le célèbre jeu éponyme pour développer une approche stratégique permettant entre autres de résoudre des problèmes et de régler des questions complexes. On retrouve aussi sur le plan de la formation professionnelle des quizz, des systèmes de points et de badges. Les « serious games » eux, consistent à lier jeu vidéo et connaissances, mélange qui apporte un apprentissage renforcé. C’est ce qu’a fait par exemple la Croix-Rouge, qui a imaginé une formation Premier Secours reprenant tous les codes des jeux vidéo, une excellente manière de toucher un jeune public consommateur de jeux vidéo.
En bref
Allier plaisir, pédagogie et performance, tels sont les maîtres-mots de la gamification.