[Parole d’expert] Comment cultiver la résilience en entreprise ?

Emmanuelle Abensur
Emmanuelle Abensur
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Temps de lecture : 8 minutes

D’après une étude McKinsey, seuls 31 % des dirigeants se sentent pleinement préparés pour faire face aux prochaines disruptions du marché. Il reste donc du chemin à parcourir pour améliorer la résilience en entreprise !

Le retour sur investissement en vaut pourtant la peine. Un rapport d’Accenture révèle que les entreprises résilientes enregistrent une croissance de leur chiffre d’affaires 3,6 % plus élevée par rapport à leurs concurrents moins résilients. La résilience est donc un véritable levier de performance pour l’entreprise ! Alors, comment transformer cette capacité en avantage compétitif ?

Pour approfondir ce sujet, nous avons interrogé Ariane Marchand, co-fondatrice d’idehō, une entreprise canadienne spécialisée dans le services-conseils en technologies et management alternatif. Voici ses conseils pour cultiver la résilience en entreprise.

Équipe d’idehō, une entreprise canadienne spécialisée dans le services-conseils en technologies et management alternatif

Qu’est-ce que la résilience ?

Avant d’entrer dans le vif du sujet, commençons déjà par clarifier en quoi consiste la résilience en entreprise.

“La résilience désigne la capacité d’un écosystème à retrouver un état d’équilibre après un événement exceptionnel

C’est la définition écologique du terme, mais je trouve qu’elle est plus adaptée à l’entreprise ! J’aime bien comparer l’entreprise résilience à une cellule, flexible, capable de se déformer et se moduler pour s’adapter aux pressions internes ou externes. 

En entreprise, la résilience se caractérise par notre capacité de s’adapter rapidement et de faire preuve de flexibilité face au changement et d’être en mouvance, afin d’éviter d’atteindre un point de fracture. Elle est essentielle au quotidien, aussi bien pour maintenir la croissance que pour encourager le progrès, la créativité et l’agilité organisationnelle”, explique la co-fondatrice d’idehō.

Comment améliorer la résilience en entreprise ?

« Pour devenir plus résiliente, une entreprise doit suivre plusieurs étapes clés. Voici les plus centrales à mes yeux : 

  1. Mettre en place une structure et un modèle de gouvernance qui favorisent l’adaptation, ainsi que la rapidité dans la prise et l’exécution des décisions.
  2. Créer un modèle financier basé sur un plan de contingence pour absorber les pressions, mais aussi pour instaurer un climat de sécurité financière connu de tous et toutes.
  3. Instaurer une culture d’entreprise du droit à l’erreur, pour favoriser l’apprentissage continu et l’innovation. 

Ces trois étapes sont intrinsèquement liées. Par exemple, sans sécurité financière, il est difficile de promouvoir le droit à l’erreur, car les collaborateur.trice.s pourraient craindre les répercussions de leurs échecs. »

Animation d'un atelier sur la gestion alternative et la résilience en entreprise

Mais alors, pourquoi sont-elles si importantes ? Et comment se traduisent-elles au quotidien ? Voici quelques pistes concrètes pour développer la résilience de votre entreprise. 

Pourquoi et comment mettre en place un nouveau modèle organisationnel ?

« Les modèles d’auto-gestion comme l’Holacratie, la Sociocratie ou l’Entreprise Opale offrent des alternatives aux modèles hiérarchiques traditionnels. Ils combinent clarté, structure et flexibilité, et sont donc de puissants remèdes contre l’inertie organisationnelle ! »

Concrètement, ces modèles vous permettent : 

  • de clarifier les rôles, les responsabilités et le fonctionnement global de votre entreprise,
  • de favoriser la prise d’initiatives et l’autonomie des équipes,
  • et de développer l’intelligence collective, pour trouver des solutions rapides et apporter des améliorations continues.

« Avec un modèle organisationnel résilient, chaque collaborateur devient un capteur d’amélioration, capable de proposer des solutions concrètes. Cependant, pour que cette dynamique fonctionne, il faut que les collaborateurs soient bien outillés ! Si je fais une analogie, la structure et le modèle de gouvernance, c’est uniquement la base ; c’est le terrain de jeu où s’opère la résilience. Maintenant il faut savoir jouer et avoir envie de jouer. », insiste Ariane Marchand.

Chez Talkspirit, nous avons créé des outils spécialement conçus pour accompagner les entreprises dans la mise en place de modèles d’auto-gestion. Nos solutions permettent de documenter les rôles et les processus de travail, d’améliorer la collaboration et de renforcer la résilience des équipes. Plus de 1 000 organisations nous font confiance, alors pourquoi pas vous ? 😉

Cartographie des rôles de l'organisation sur Holaspirit, une solution qui facilite la mise en place de modèles d'auto-gestion
Cartographiez les rôles de votre organisation avec la fonction organigramme

Comment créer un plan de gestion de crise ? 

« Crise de liquidité, crise de réputation, scandale… Les crises font partie intégrante du parcours d’une entreprise. Bien qu’on ne puisse pas toutes les anticiper, il est essentiel de créer un plan de contingence pour clarifier la manière dont elles doivent être gérées. »

Le plan de contingence (ou plan de gestion de crise) décrit l’ensemble des actions qu’une organisation doit suivre en cas de crise, afin d’assurer la continuité de ses activités. 

« Pour l’élaborer, commencez par identifier les limites collectives et individuelles que vous êtes prêts à accepter avant d’atteindre un point de rupture. Ces limites peuvent être financières (par exemple, le seuil de rentabilité minimum à maintenir), ou bien liées à la surcharge de travail (par exemple, le nombre maximum de projets qu’une équipe peut gérer). Un éditeur de logiciels, par exemple, pourrait définir le nombre minimum de clients qu’il doit conserver sur une période donnée pour ne pas mettre son activité en péril.

Les équipes d'idehō réfléchissent à des solutions pour améliorer la résilience en entreprise

Une fois ces limites identifiées, construisez votre plan financier à partir des situations qu’elles pourraient générer à tous les niveaux de l’organisation. Chaque collaborateur doit pouvoir s’appuyer sur ce plan en cas de crise. Prévoyez donc un plan d’action spécifique pour chaque équipe, afin que tout le monde sache quoi faire et quand agir. 

Pour que le plan soit opérationnel, définissez précisément qui est responsable de sa conception, de son application et de son suivi. Précisez les redevabilités de chaque rôle, les ressources disponibles, et le temps imparti pour gérer la situation.

Enfin, n’oubliez pas de communiquer dessus ! Tous les collaborateurs doivent connaître l’existence du plan de contingence, savoir pourquoi, quand et comment l’utiliser. Cette transparence est essentielle pour minimiser le stress lié au changement et renforcer la résilience individuelle et collective », affirme la co-fondatrice.

Comment développer une culture de la résilience ?

« Pour développer une culture de la résilience, chaque partie prenante de l’entreprise doit pouvoir se reposer sur ces quatre principes : 

  1. Sortir de la perfection, pour rester constamment en mouvement. Mettre en place un processus de prise de décision par consentement peut être un remède au perfectionnisme, par exemple. Ce processus, souvent utilisé dans les équipes auto-gérées, permet de prendre des décisions de manière participative, mais sans générer une inertie 
  2. Encourager la créativité. Chacun doit être prêt à tester de nouvelles choses et adopter une approche ouverte face au changement. En temps de crise, on a tendance à se refermer. Pourtant, nous avons tout à gagner à nous ouvrir, à échanger et à collecter les idées et les opportunités venant des collaborateur.trice.s. Encore faut-il les entendre et se mettre dans une posture d’ouverture. Sacré défi !
  3. Développer la transparence, pilier essentiel de la résilience. Plutôt que de prendre des décisions en vase clos, essayez plutôt de mobiliser l’ensemble de vos ressources internes et externes. C’est ce qui vous permettra de trouver de nouvelles idées et de résoudre des problèmes plus rapidement ! Une dose de transparence amène aussi un alignement clair sur la situation vécue et celle visée. Cela permet de retrouver un point d’équilibre et de tous y travailler dans le même sens.
  4. Outiller les individus, pour développer leur flexibilité. Celle-ci repose notamment sur :

L’alignement stratégique : le principal défi des entreprises résilientes

« Un des plus grands défis des entreprises résilientes, c’est de faire comprendre à chacun quel est le point d’équilibre et la destination que vous souhaitez atteindre. Autrement dit : quelle est votre raison d’être ? C’est cette raison d’être qui servira de boussole pour élaborer un plan de gestion de crise adapté.

On dit souvent que l’alignement stratégique doit être proportionnel à l’autonomie accordée aux collaborateurs. Si cet alignement n’est pas constant, clairement mentionné, véhiculé et compris par tous, cela risque de générer des divergences internes. C’est pourquoi il est essentiel de communiquer clairement dessus.

Par ailleurs, restez flexibles ! Votre point d’équilibre n’est pas immuable. Il doit pouvoir évoluer en continu, pour s’adapter aux changements à l’œuvre dans l’organisation », explique Ariane Marchand.

2 exemples d’initiatives pour gagner en résilience

« Nous avons récemment accompagné un consortium chargé de reprendre les opérations ferroviaires d’une grande ville canadienne. Ce projet colossal impliquait de créer une équipe à partir de zéro et de la rendre opérationnelle en moins de deux ans.

Pour relever ce défi, l’entreprise devait :

En somme, c’était comme construire un avion en plein vol : cela demandait un haut niveau de résilience et d’adaptation !

Présentation sur la résilience en entreprise

Pour développer cette résilience, deux initiatives clés ont été mises en place au sein d’un département de l’entreprise : 

  • La mise en place de revues trimestrielles sur deux jours en présentiel. Rassembler tout un département pendant deux jours représentait une véritable opportunité et occasion d’avancée ! Ces revues trimestrielles avaient plusieurs objectifs :
    • Évaluer la performance du trimestre écoulé.
    • Identifier les progrès réalisés et les apprentissages à retenir.
    • Réajuster les stratégies et les priorités en fonction des besoins.
    • Fixer des objectifs clairs pour le trimestre suivant.

Ces dernières ont permis au département d’opérer des changements très rapides et de gagner en résilience.

  • L’adoption d’une structure par rôle. Au lieu de limiter les collaborateur.trice.s à une fiche de poste fixe, l’entreprise a opté pour une structure flexible où chacun peut endosser plusieurs rôles en fonction de ses compétences, et faire évoluer ces rôles en continu pour répondre aux besoins changeants. Cela a permis de réajuster les redevabilités de chaque rôle dès lors qu’il y avait de nouvelles réglementations ou de nouvelles attentes organisationnelles, par exemple. »

Pour conclure

La résilience en entreprise repose sur un équilibre subtil entre gouvernance, sécurité financière et culture d’entreprise. Pour idehō, ces trois piliers sont indissociables : c’est en les combinant que vous pourrez créer des équipes réellement résilientes !

Pour devenir une entreprise résiliente, commencez par clarifier votre raison d’être et à identifier où se situe le point de retour à l’équilibre. Ces derniers serviront de boussole pour guider vos choix stratégiques, y compris en temps de crise. Parallèlement, développez les compétences de vos collaborateur.trice.s, pour encourager l’amélioration continue et renforcer leurs capacités de communication et d’adaptation.

Enfin, mettez en place un modèle organisationnel qui favorise la flexibilité et la transparence. Outillez vos équipes avec des solutions adaptées, comme celles proposées par Talkspirit, pour apporter de la clarté sur les rôles, les responsabilités et les processus de travail, et améliorer la collaboration de vos équipes.

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